50 nuances de finance verte
Bienvenue dans le sixième numéro de 55 degrés à l’ombre, la newsletter qui décrypte l’actualité des entreprises face aux enjeux climatiques.
Au menu :
Le rôle des acteurs financiers dans la transition environnementale
ChatGPT à la sauce climat
Une nouvelle méthodologie pour calculer des émissions évitées
La Taxonomie Européenne se précise sur les 4 objectifs environnementaux non climatiques
Avoir le courage de changer de modèle : l’exemple de Chartreuse
Les émissions indirectes sont 11,4 fois plus élevées que les émissions directes
Une nouvelle Fresque à faire : La Fresque de l’Énergie
Une formation pour devenir autonome dans la réalisation de son bilan carbone
Rendez-vous à ChangeNOW, du 25 au 27 mai, pour retrouver le Grand Quiz du Climat
Bonne lecture.
L’équipe Magelan
Édito
Le 24 avril 2022, nous avons eu l’occasion de discuter avec Bertrand Badré, ex-directeur financier de la Banque mondiale, dans le cadre d’une soirée sur le thème du dérèglement climatique que nous organisions pour la formidable équipe d’Accenta.
Son acuité sur la crise climatique et sur les rôles joués par les acteurs économiques nous avait alors interpellés. Son propos était le suivant :
Le capitalisme actuel n'est plus acceptable tant il est destructeur pour la planète, il est temps de réexaminer rapidement et en profondeur les règles et les normes qui le régissent.
En effet, ceux qui s’y intéressent et qui ont la sincérité d’exprimer leur opinion partagent le même constat : un changement systémique semble indispensable. Dans ce cadre, le rôle des acteurs financiers est primordial.
On peut soulever quelques initiatives remarquables :
La Banque de France qui, depuis 2017, a intégré dans son mandat le fait d’évaluer, réduire et gérer l’impact des risques climatiques sur l’économie réelle. Elle a ainsi été à l’initiative d’un mouvement “sectoriel”, le NGFS, le Réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier. Plus récemment, elle a indiqué vouloir intégrer l’analyse des critères environnementaux dans sa cotation pour toutes les entreprises françaises dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 750 000 euros.
Bpifrance, renommée “Banque du Climat”, multiplie les initiatives dans l’accompagnement des entreprises, le financement d’actions de transition ou encore l’investissement dans des entreprises alignées avec les objectifs de transition. Côté Magelan, nous avons accompagné la branche “Capital Innovation” dans un vaste projet de mise en transition de participations (en savoir plus).
Des sociétés de gestion se lancent dans des fonds de décarbonation, à l’instar du fonds Argos Climate Action, dont l’objectif est de provoquer une baisse des 7,5% des émissions de ses participations (en intensité).
Des banques privées concrétisent des actions intéressantes en faveur du climat, à l’instar de Memo Bank qui permet à ses clients d’appréhender l’empreinte carbone de leur dépense tout en rendant sa méthodologie accessible librement pour inciter d’autres acteurs financiers et leur faciliter le travail. Michel, cofondateur de Memo Bank, présente leurs initiatives dans cette vidéo (30 min).
Ces initiatives doivent se généraliser pour devenir de nouveaux standards. Surtout, c’est (comme toujours) la réglementation qui doit évoluer.
Pour y contribuer par l’extérieur, le développement de nouvelles méthodologies et outils doit être soutenu. On pense notamment au Partnership for Carbon Accounting Financials, ou PCAF pour les intimes, ou aux Climate Dividends, qui permettent à des investisseurs de valoriser leurs soutiens à des solutions pour la transition. Côté Magelan, nous travaillons sur un outil open-source à destination des acteurs financiers et sur des modules de formation/coaching à destination des administrateurs pour leur permettre de convaincre leurs conseils d’administration de la nécessité d’avancer sur ces enjeux.
Bref - la route pour mettre la finance au service de la transition est longue mais s’annonce fascinante.
Comprendre
ChatGPT à la sauce climat
Nos amis data scientists d’Ekimetrics viennent de développer un nouvel outil : un chatbot, utilisant la très médiatique technologie ChatGPT, qui répond à des questions en lien avec le climat à partir de sources vérifiées (ce qui n’est pas le cas avec ChatGPT). À tester ici.
Une nouvelle méthodologie pour calculer des émissions évitées
Les émissions évitées d’une entreprise représentent les réductions d'émissions réalisées par ses activités lorsque ces réductions se réalisent en dehors de son périmètre d'activité (voir la note de l’ADEME). Grosso modo, une entreprise peut en revendiquer lorsque sa solution permet de réduire l’empreinte carbone de ses clients.
Les règles de calcul sont floues, ce qui provoque des communications hasardeuses voire trompeuses. Mais ça, c’était avant. Avant la publication d’un guide de référence proposé par le WBSCD (acronyme du World Business Council for Sustainable Development), inspiré de la Net-Zero Initiative.
Notre avis : une méthode bien ficelée, avec des clés d’entrée pour vérifier son éligibilité à toutes les étapes du processus et même un template de déclaration des émissions évitées. On apprécie que l’analyse d’éligibilité soit particulièrement rigoureuse et s’appuie sur d’autres référentiels (ex : activités éligibles de la Taxonomie Européenne). Enfin, une guidance bienvenue sur les scénarios de référence, qui doivent être mis à jour de façon dynamique.
La Taxonomie Européenne se précise sur les 4 objectifs environnementaux non climatiques
La Taxonomie Européenne est un système de classification des activités économiques permettant d’identifier celles qui sont durables sur le plan environnemental.
Pour qu’une activité puisse être éligible au sens de la taxonomie, elle doit notamment contribuer de manière substantielle à au moins un des objectifs environnementaux suivants :
Des objectifs “climatiques” (atténuation du changement climatique, adaptation)
Des objectifs “non climatiques” (biodiversité, pollution, ressources aquatiques et marines, économie circulaire)
Jusqu’à présent la Taxonomie était correctement définie sur les objectifs “climatiques” mais pas sur les quatre autres. C’est désormais chose faite avec la publication de nouveaux actes délégués. Les textes sont actuellement soumis à consultation et devraient être validés en juin 2023.
Au-delà de cette actualité, nous recommandons la lecture du rapport “The Extended Environmental Taxonomy” qui présente la vision du projet, ainsi que l’outil “EU Taxonomy Calculator” qui permet aux entreprises de calculer leur éligibilité.
S’inspirer
Avoir le courage de changer de modèle : l’exemple de Chartreuse
Vous connaissez la Chartreuse, cette liqueur verte qui porte le même nom que la région dont elle est originaire, à côté de Grenoble ? Cette entreprise est possédée à 100 % par les moines chartreux, qui vivent principalement grâce aux ventes de la liqueur. Cette dernière a largement fructifié aux cours des années, atteignant plus de 1,2 million de litres vendu par an.
Or, l’entreprise vient de prendre la décision de bloquer sa croissance.
À cause du dérèglement climatique, la recherche des 130 plantes nécessaires à la liqueur Chartreuse se complique. C’est le révérend père Dom Dysmas, responsable des moines chartreux, qui a porté ce sujet au conseil d’administration au début de l’année.
Le président de l’entreprise Emmanuel Delafon a déclaré que :
Le récit unique qui dit il faut la croissance du PIB […] n’a plus de sens aujourd’hui, cela nous amène dans un mur des limites planétaires.
Alors l’entreprise se réinvente, et va créer une herboristerie, pour vendre d’abord des tisanes puis opérer un pivot vers la santé. Un bel exemple pour concilier l’entreprise d’aujourd’hui à la cause environnementale.
La décarbonation de la chaîne de valeur, un enjeu prioritaire pour les grandes entreprises
Dans notre dernière étude, nous avons documenté 3 grandes tactiques mises en œuvre par des PME pour agir sur le sujet :
Agir sur la performance carbone de son fournisseur
Collaborer avec d’autres pour amplifier son action
Repenser son activité plus en profondeur
Ces pratiques sont aussi suivies par les grandes entreprises, avec certaines spécificités, comme nous l’ont indiqué nos confrères de Traace.
Avec eux, nous organiserons un webinar le mardi 16 mai de 11h30 à 12h30 sur le sujet. Les inscriptions (gratuites) se font ici.
Agir
Une nouvelle Fresque à faire : La Fresque de l’Énergie
La Fresque de l’Énergie s’est officiellement lancée le jeudi 6 avril à l’Académie du Climat. Elle permet d’étudier les fondamentaux du système énergétique contemporain : quel est notre mix énergétique ? Qu’est-ce qu’une énergie renouvelable ? Y a-t-il de bonnes énergies ? Comment la produit-on ?
Pour participer à la Fresque de l’Énergie, cela se passe par ici.
Une formation pour devenir autonome dans la réalisation de son bilan carbone
Bonne nouvelle pour un projet qui nous tient particulièrement à cœur : après le lancement de La Roadmap du Climat en février, nous avons débuté la première promotion fin mars.
Pour rappel, la Roadmap du Climat est un programme de 6 semaines afin de contribuer à la transition bas carbone au sein de son entreprise, en alternant des présentations théoriques et des cas pratiques.
Pour répondre à un nombre important de demandes, nous lançons une nouvelle version de la Roadmap, 100% dédiée à la comptabilité carbone. La prochaine promotion aura lieu du 9 mai au 13 juin.
Pour cette promotion, vous pouvez bénéficier d’un tarif préférentiel à 800€ avec une prise en charge possible par Qualiopi. Pour en savoir plus, rendez-vous ici.
Notre prochain rendez-vous : ChangeNOW, du 25 au 27 mai
Vous vous souvenez de notre format “Grand Quiz du Climat” chez Makesense en février ? En bref : le “question pour un champion” du climat, avec des participant.e.s qui appuient sur des vrais buzzers pour tenter de trouver les bonnes réponses à nos questions.
On s’est beaucoup amusé lors de cette soirée, donc lorsqu’on a eu l’opportunité de le faire à ChangeNOW, nous n’avons pas hésité : rendez-vous du jeudi 25 au samedi 27 mai dans la zone Accelerate, pour tenter d’être sacré.e Champion.ne du climat !
Le mot de la fin : nous venons de sortir un article pour répondre à la question “comment est-ce qu’on devient consultant.e climat ?”. Si vous êtes curieux de le lire, voici le lien.